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Le Blogue de Manuel Ruiz
16 avril 2020

Phèdre - Platon - Flammarion - 2008

Un livre de philosophie de Platon, datant du IV° siècle avant J.C., édition Flammarion de 2008.

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THÈME : Socrate et Phèdre se rencontrent lors d’une promenade. Phèdre rapporte un discours de Lysias dans lequel ce dernier traite de l’amour et soutient qu’il est préférable d’accorder ses faveurs à celui qui n’aime pas et non à celui qui aime. Socrate avoue son admiration devant le style du discours, mais affirme qu’il peut en prononcer un supérieur et défendant la thèse inverse. Phèdre le met au défi de le faire sur le champ. Sous un platane et sous la chaleur, Socrate s’exécute.

MON AVIS : Nous avons déjà chroniqué ici-même L’Apologie de Socrate et Le Banquet. Pourquoi ne pas achever en chroniquant aussi Phèdre ? Il ne s’agit point de faire une trilogie, mais seulement de nourrir ce blog qui en a bien besoin.

Dite ainsi, la chose paraîtra simple et aisée. Or, elle n’est ni ni l’une, ni l’autre. En effet, nous avons quitté Le Banquet, œuvre monumentale dans l’histoire mondiale de la philosophie, et nous attendons, bien sûr, un morceau dans la même veine. Humain, n’est-il pas ? Malheureusement, nous ne le trouvons pas. Ce bouquin se situe nettement au niveau inférieur. Le Banquet était une conversation animée entre plusieurs convives, passablement éméchés. « Phèdre » n’est « rien d’autre » qu’un dialogue entre Socrate et Phèdre. Aucun autre personnage n’intervient, aucune narration n’interrompt l’échange verbal. Au-delà de la forme, le sujet n’interpelle pas forcément. Durant leur promenade, Phèdre et Socrate dissertent sur un grave dilemme : faut-il accorder ses faveurs à celui qui aime, ou à celui qui n’aime pas ? Alors, on tourne les pages et… il faut l’avouer sans honte, cela devient peu à peu assez long, et assez ennuyeux.  

Heureusement, dans la deuxième partie, on se réveille. En effet, les deux amis se mettent à parler de rhétorique. Brusquement, on se reprend à lire. De façon magistrale, Socrate décrit comment on conçoit un discours pour convaincre les gens de telle chose, puis du contraire. Il trace le plan détaillé d’une causerie et les éléments à aborder qui feront que l’exposé sera pertinent, ou inaudible. Il donne des exemples. On est soufflés, car on retrouve simplement ce que nous voyons et entendons aujourd’hui dans les multiples débats télévisés que les chaînes d’infos en continu alignent en permanence. Socrate l’avaient disséqué bien avant nous, et de façon rigoureuse et précise. Dans cette deuxième partie, Platon redevient Platon, le philosophe et l’écrivain que nous attendions.

Si ce livre n’arrive pas au niveau du Banquet, c’est sans doute à cause de sa nature. Dans le premier, un groupe de philosophes discouraient autour d’une table, évoquant la marche du monde. Ici, nous sommes presque en récréation : les deux amis se promènent au soleil, se réfugient sous un platane pour trouver de l’ombre, trempent leurs pieds dans l’eau d’un ruisseau. Une journée qui s’écoule lentement, au rythme du dialogue. On se surprend à s’y croire, à remonter les siècles pour les rejoindre et passer l’après-midi avec eux. Quand donc inventera-t-on la machine à remonter le temps ?

Comme ce n’est pas pour demain, contentons-nous de lire. Phèdre n’est pas aussi bon que Le Banquet, mais il se révèle intéressant dans sa deuxième partie, consacrée à la rhétorique. Suffisamment pour nous rappeler que nous avons, quand même, affaire à Platon.

 

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  • Manuel Ruiz, écrivain, scénariste, producteur de radio. Manuel Ruiz est membre de la Société des Gens de Lettres et de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques. Validation de formation à la SGDL le 08/10/2018.
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