Un retour au marché du livre ancien Georges Brassens

Voici deux semaines à peu près, j’ai été saisi d’un coup de nostalgie. Du moins je le suppose, puisque je me suis offert une fantaisie : après une éternité, je suis retourné au marché du livre ancien Georges Brassens.

Toute ma jeunesse. La rue de Vouillé, la Porte Brancion, le théâtre Silvia Monfort, le parc Georges Brassens. Eh oui. J’habitais par là. Ces lieux abritaient mes jeunes années. Et le marché du livre ancien : presque ma deuxième maison. J’en ai passé des moments par là-bas. C’était voilà longtemps, si longtemps.

J’y suis donc retourné, comme ça, pour voir. Et soyons directs : j’ai été déçu. Bien sûr, c’est avec plaisir et une certaine émotion que j’ai retrouvé ce quartier et que j’ai senti les souvenirs remonter à la surface. C’est avec plaisir que j’ai arpenté ces trottoirs jadis si familiers. Mais ensuite, il y a eu le marché du livre en lui-même, sous le préau. L’âge m’a-t-il rendu acariâtre, irascible et soupe au lait ? Bien possible. Me sentais-je de mauvaise humeur après avoir mal digéré ? Bien possible aussi. Oui, il est bien possible que ce soit de ma faute. Toujours est-il que j’ai été déçu. D’abord, il y avait peu de monde et donc peu d’ambiance. Pas grave. Surtout, les vendeurs de livres ne correspondaient pas au souvenir que j’en gardais. Les uns m’ont paru indifférents et peu concernés par les ouvrages qu’ils exposaient. Et certains autres franchement désagréables et déplaisants.

Je répète qu’il s’agit d’une impression. Mais c’est celle que j’ai eu et c’est celle que je vous rapporte. Simplement.

Du coup, je ne suis pas sûr d’y retourner. Disons que ce déplacement aura été une visite d’adieu. Une nouvelle étape de ma vie qui s’achève. Comme lorsque j’ai quitté le XV è. Comme lorsque j’ai quitté Anice-Fiction. Comme lorsque j’ai perdu contact avec des gens que j’aimais bien. Des épisodes qui ont fait ma vie et qui, peu à peu, inexorablement, s’enfoncent dans le tunnel du passé.