OSSEX se découvre (The Lady from L.U.S.T.) - Rod Gray - Editions et Publications Premières - 1971
Le N°1 de la collection OSSEX, écrit par Rod Gray, datant de 1971.
THÈME : Eve Drum est une jeune secrétaire. Alors qu’elle passe des vacances à Haïti, elle vient en aide à un homme que des lascars menaçaient. Impressionné, l’homme lui propose aussitôt d’entrer dans l’OSSEX, une section féminine des services secrets américains. Elle accepte. La voici au quartier général de l’OSSEX, au dernier étage d’un hôtel de Miami. Elle suit un entraînement intensif en Virginie, fait la connaissance de son chef David Anderjanian. Puis on lui confie sa première mission : espionner un comte sur un yacht. Elle le fait si bien qu’elle découvre une tentative de chantage contre un scientifique qui a inventé un rayon laser capable de protéger l’Amérique de toutes les attaques aériennes. Eve Drum va devoir le protéger, tâche périlleuse car les ennemis vont tout tenter pour l’atteindre et lui voler son secret.
MON AVIS : Dans les années 70, les adolescents de ma génération suivaient une collection de romans populaires qui égayaient notre jeunesse. OSSEX : tel était le titre français. « The Lady from L.U.S.T. », tel était le titre américain. Naturellement, je ne connaissais pas ce dernier à l’époque. Mais l’héroïne était la même : la blonde, belle et intrépide Eve Drum. Le principe de ce genre était relativement usité en ce temps : prendre des histoires classiques de polars, ou d’espionnage, et les détourner pour caser des scènes de sexe, plus ou moins osées, et plus ou moins réussies.
Ainsi naquit cette collection, que nous lisions avec un plaisir coupable. Coupable, parce qu’il faut le dire sans détour : littérairement parlant, ça frise le zéro absolu. Mais plaisir néanmoins, parce que, voyez-vous, ça marche : ces petits bouquins à 2 ou 3 francs, on les prenait et on ne les lâchait plus. Suspense, action, mystère, rebondissements : tout y était. J’oserai dire qu’ils étaient parfois plus passionnants que bien des polars du Fleuve Noir ou de la Série Noire. Encore fallait-il se donner la peine de les lire, ce que beaucoup négligèrent à l’époque. Sans doute les mêmes qui vous répondent inlassablement « Désolé, la science-fiction ne m’intéresse pas », alors que ça les intéresserait peut-être s’ils la lisaient.
Cet « OSSEX se découvre » n’est pas le meilleur de la série, pas plus que le plus mauvais. Son intérêt est qu’il est le premier, celui qui a lancé la collection, en 1971 (un autre siècle, au sens propre). J’avoue que ça se révèle surprenant, voire amusant : on découvre comment la belle Eve Drum entre dans le service secret, comment elle fait la connaissance de son chef (et futur amant) David, comment elle accomplit sa toute première mission. Bref, comment elle est devenue l’héroïne que nous avons connue. L’auteur procède d’ailleurs de manière très habile : la façon dont Eve s’engage dans le service s’avère tout à fait logique et plausible. Moins plausible apparaît le pseudo-scientifique qui pourrait sauver l’Amérique, mais là-dessus, le bouquin n’est pas plus invraisemblable que beaucoup d’autres. On s’en fiche, puisque l’auteur offre ce que le lecteur attend : du suspense, de l’action, et du sexe, du sexe à tire-larigo.
Cette OSSEX, ou cette « Lady from L.U.S.T. », a accompagné toute la période de la libération sexuelle, jusqu’au début des années 80, faisant rêver des milliers d’adolescents. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Des vieux bouquins usés, dans des cartons. Souvenirs d’un temps où on croyait, on croyait vraiment, que la liberté sexuelle produirait un monde meilleur. Comme on s’est trompés ! Et puis, il reste un chroniqueur un peu illuminé qui s’obstine à en parler sur son blog. Parce que, malgré tout, les aventures d’Eve Drum, c’était bien, et je suis heureux de les avoir lues à l’époque, désormais lointaine.