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Le Blogue de Manuel Ruiz
28 juillet 2010

Vol de Nuit - Antoine de Saint-Exupéry - Gallimard - 1931

55488324Roman de Saint-Exupéry publié par Gallimard en 1931. L’édition chroniquée ici est de janvier 1953.

 

 

THÈME : À Buenos-Aires, l’Aéropostale attend trois avions transportant du courrier. Les vols de Patagonie, du Chili et du Paraguay. Il y a Rivière, le directeur, Robineau, l’inspecteur, les épouses des pilotes, et d’autres. Les courriers du Paraguay et du Chili atterrissent normalement. Mais le vol de Patagonie, piloté par Fabien, est pris dans des orages et se perd au-dessus de la mer. L’attente devient angoissante. Au bout d’une heure, il est clair que l’avion n’a plus d’essence et qu’il n’arrivera pas. Le courrier d’Europe part donc avec les sacs postaux.

 

 

VOL DE NUIT : J’avais lu le livre de Saint-Exupéry dans ma jeunesse et il m’avait impressionné. Que dire de cette relecture ? Il est évident que l’impact ne peut plus être le même. À l’époque où on programme la colonisation de lointaines planètes, une histoire d’aviateurs ne peut plus secouer comme avant. Alors, que reste-t-il ? Eh bien, il reste Saint-Exupéry, son écriture, son propos. Cela, au moins, ne se démode pas. Saint-Ex fait partie de ces écrivains qui découragent d’emblée les éventuels candidats. Au bout de dix pages, on a compris que, quoi qu’on fasse, on ne pourra jamais écrire comme lui. Il n’y a plus qu’à lire. Je retrouve chez lui le même phénomène que chez Jack London : cette faculté à trouver et souligner le détail qui s’inscrira dans le cerveau du lecteur. Il y a cette ferme qui a allumé sa lumière sans se douter que l’aviateur va la voir et qu’elle lui servira de repère. Il y a ces neiges de la Cordillère des Andes qu’on ne peut oublier. Il y a ces étoiles qui apparaissent plus haut que les nuages (une image digne du space-opera). Autant d’images furtives qui peuplent le roman. Mais Saint-Exupéry se démarque de London, et des autres, par son approche toute personnelle. Lui seul peut écrire : « Trois pilotes, chacun à l’arrière d’un capot lourd comme un chaland, perdus dans la nuit, méditaient leur vol, et, vers la ville immense, descendraient lentement de leur ciel d’orage ou de paix, comme d’étranges paysans descendent de leurs montagnes ». On aime ou on n’aime pas, mais voilà Saint-Exupéry. Il paraît qu’il commence à passer de mode. C’est bien possible.

 

 

« Vol de nuit » est intéressant, car le destin tragique de Fabien n’en constitue qu’une partie. L’essentiel de l’action se situe à Buenos-Aires, où l’on suit l’attente angoissée du personnel de l’Aéropostale. Peut-être le portrait de Rivière, directeur impitoyable, est-il caricatural. Je ne le sais pas. Pas plus que pour celui de Robineau, l’inspecteur hésitant. Mais on apprend des tas de détails passionnants sur l’Aéropostale. Que les pilotes touchaient une prime d’exactitude. Que les mécaniciens payaient une amende quand ils fixaient trop mal une vis. Que les épouses des pilotes étaient parties vivre avec eux à Buenos-Aires, signe qu’il y avait un minimum de politique sociale. C’est une époque lointaine et exaltante qui revit pour nous. Finalement, relire « Vol de nuit », ce n’est pas une mauvaise idée.

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  • Manuel Ruiz, écrivain, scénariste, producteur de radio. Manuel Ruiz est membre de la Société des Gens de Lettres et de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques. Validation de formation à la SGDL le 08/10/2018.
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