Le Blogue de Manuel Ruiz

15 mai 2023

Sadique railway (Lights ! Action ! Murder !) - Glen Chase - Editions et Publications Premières - 1976

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Un roman de la collection Cherry O, datant de 1976.

THÈME : Cherry O, agent du SPASM, reçoit une nouvelle mission. Depuis quelque temps, des producteurs de cinéma sont victimes de racket. L’un d’eux, Charles Milstein, a décidé de réclamer l’aide du SPASM. Cherry O débarque donc à Hollywood. Elle se fait passer pour une jeune débutante qui ambitionne de devenir starlette. Cette couverture lui permet d’enquêter. Elle ne tarde pas à repérer deux individus suspects, Biow et Barker. Elle va les suivre. Mais il y a aussi l’explosive Shana Panks, star du porno, dont le rôle s’avère indéfinissable. La petite détective rouquine risque de se faire trouer la peau à chaque pas. Pourtant, il faudra bien qu’elle remplisse sa mission et qu’elle mette ces affreux hors d’état de nuire.

MON AVIS : Amis lecteurs, amis tout court, et vous-qui-passez-ici-par-hasard, je lance aujourd’hui un appel. En effet, voici presque quinze ans, je me suis lancé dans une entreprise que j’estimais banale et qui s’est révélée plus ambitieuse que prévu. Je projetais de chroniquer l’intégralité de la collection des Cherry O, datant des années 70. Exactement 38 volumes publiés entre 1973 et 1978. Simplement pour moi, pour mon plaisir. Sauf que j’ai découvert ensuite que pas mal de gens semblaient s’y intéresser. Je n’étais donc pas le seul.

Je me suis ainsi lancé, et… aujourd’hui, je crains de ne pas arriver au bout de mon projet. En fait, il risque de rester en route. Attention, ce n’est pas que je commence à me lasser (oui, je commence). Ce n’est pas que je me sente découragé (oui, en fait, c’est le cas). L’explication est plus simple et plus ardue. Abruptement, je dois vous la dire. Pour chroniquer les Cherry O, je dois d’abord les lire. Vous y aviez pensé, j’espère. Et pour les lire, je dois évidemment les trouver et les acquérir. Or, le problème est bien là : les vieux bouquins de Cherry O sont de plus en plus difficiles à dénicher. Précisément parce qu’ils sont vieux. Tellement qu’ils s’assimilent maintenant à des vestiges archéologiques : rares et cachés. À croire qu’ils croupissent sous dix mètres de poussière, comme les tablettes sumériennes. Bref, je n’arrive plus à mettre la main dessus. Or, si je ne les lis pas, je ne peux les chroniquer.

Dans ces conditions, je me vois contraint de lancer un appel. Chers amis, ou pas amis, aidez-moi. Si vous possédez les Cherry O qui me manquent, ou bien si vous savez où on peut les trouver, n’hésitez pas à me contacter. Soyez sûrs que je répondrai. Grâce à vous, je complèterai la collection et j’achèverai mon projet de la chroniquer intégralement. Je souhaite le faire, en tout cas. Je vous le répète : si vous avez des vieux numéros, dites-le moi.

Merci à tous et j’espère que cet appel produira l’effet escompté.

 

 

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11 mars 2023

Le dernier lapon - Olivier Truc - Editions Métailié - 2012

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Un roman policier d’Olivier Truc, datant de 2012, récompensé par le prix Thierry Jonquet en 2013.

THÈME : Nous sommes dans le nord de la Scandinavie. Les inspecteurs Klemet et Nina appartiennent à la police des rennes. Ils font des patrouilles interminables dans la neige et dressent des contraventions aux éleveurs de rennes. Tel est leur quotidien, assez répétitif. Or, un jour, les choses changent brusquement. Un tambour traditionnel lapon disparaît. Cet évènement, banal en apparence, bouleverse le pays. Les tensions entre Scandinaves et Lapons ressurgissent. Et cela s’aggrave quand on commence à découvrir des cadavres. Klemet et Nina doivent se lancer dans un métier qui n’est pas le leur : enquêteurs. Ils doivent trouver les meurtriers avant que les tensions conduisent la Laponie au chaos.

MON AVIS : Il ne coûte rien de le dire : c’est un plaisir de chroniquer un livre qui a eu du succès. Parce que je suppose que ce fut le cas de celui-ci : il a reçu quantité de prix littéraires et il a été traduit dans je ne sais combien de langues. Je m’en réjouis pour l’auteur et je le félicite.

Soyons clairs, c’est mérité. Ce bouquin mérite tous les éloges. Il s’agit d’un polar très bien ficelé. Et surtout parfaitement documenté. L’auteur, qui habite en Suède, connaît la Laponie et sait de quoi il parle. Ça force l’admiration. Tout respire l’authenticité.

Or, le problème est justement celui-là. Je ne cacherai pas que la lecture m’a paru… anxiogène. Voire carrément angoissante. Précisément à cause de l’authenticité. Chers amis, si vous avez vu des cartes postales sur la Laponie, prière de les oublier. Ici, nous sommes dans la véritable Laponie. Nous sommes dans l’obscurité, car l’intrigue se déroule au moment de la nuit polaire. Et les gens se meuvent sous des températures de moins trente degrés. Ça jette un froid ? J’allais le dire.

Surtout, nous sommes dans la Laponie concrète. Les descriptions de la vie quotidienne sont saisissantes. Mieux vaut avoir le cœur bien accroché. On mesure la difficulté de vivre au nord de la Scandinavie, non loin du cercle polaire. Et puis, au-delà de ça, il y a la réalité sociale : les relations complexes entre Lapons et Scandinaves, dont on découvre qu’elles n’ont jamais été au beau fixe. Bref, pas vraiment pour les bisounours. Je vous avouerai que cela ne m’a guère donné l’envie d’aller vivre là-bas. Ni d’aller là-bas tout court.

Ces considérations mises à part, je répète que le bouquin mérite son succès. Du très bon polar. Je vous le conseille. Même si, comme dit plus haut, il faut avoir le cœur bien accroché.

 

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21 juillet 2022

Jim Spark et les écumeurs de l'espace (Lucky Starr and the pirates of the asteroids) - Isaac Asimov - Bibliothèque Verte - 1978

Un roman de la Bibliothèque Verte, écrit par Isaac Asimov, et datant de 1978.

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THÈME : Jim Spark est un cosmonaute au service du Conseil Scientifique. Depuis un certain temps, des pirates basés sur les astéroïdes attaquent les vaisseaux de la Terre. Jim imagine un stratagème pour s’infiltrer parmi eux et les démasquer. Hélas, cela ne se passe pas tout à fait comme prévu, et il se retrouve captif sur un astéroïde, chez un mystérieux ermite. Celui-ci va l’aider à s’évader et à retourner vers la Terre. Mais au lieu de dénouer l’énigme, cette évasion la rend encore plus incompréhensible. Jim va tenter une manœuvre audacieuse et désespérée : traverser le soleil pour rattraper les pirates.

MON AVIS : Les grands cinéastes et les grands écrivains sont des mystères permanents pour nous. Leur œuvre et leur vie renferment toujours des recoins inattendus, des replis surprenants. Justement parce qu’ils étaient grands, et que c’est ça qui nous échappe aujourd’hui.

Voici donc Isaac Asimov. Je suppose que vous connaissez tous. Le grand et immortel écrivain de science-fiction. Un des géants de la littérature du XX° siècle. Jusque là, rien que de très connu. Sauf que nous avons ici un roman pour la jeunesse. Alors, Asimov a écrit pour la jeunesse ? Il semblerait. Le monumental créateur de la robotique et de Fondation s’est donc abaissé à ça ? Bon, j’espère que vous ne le prendrez pas ainsi. Asimov ne s’est abaissé à rien du tout. Il a écrit ça avec la même passion que tout le reste. Et c’est très bien, et il a fini dans la Bibliothèque Verte, là où on ne l’attendait peut-être pas.

Donc, un roman pour la jeunesse. Asimov a fait comme tout le monde : il a tracé un héros. Celui-ci s’appelle Jim Spark (Lucky Starr en version originale) et il est cosmonaute au Conseil Scientifique. Autrement dit, il parcourt l’espace à la recherche des pirates et autres vilains personnages. Un truc aussi pertinent qu’un autre pour le lancer vers de belles aventures, qui feront rêver les adolescents. Et ça marche ! Parce qu’on suit ce Jim Spark du début à la fin, sans jamais s’ennuyer. Roman pour la jeunesse, oui. Mais que certains d’entre vous ne prennent pas lâchement la fuite. C’est bel et bien du Asimov. Du vrai, et du pur. On reconnaît vite son style, on retrouve ses thèmes de prédilection. Surtout, on retrouve rapidement son univers. Celui qui est bâti sur une documentation extraordinaire. Le grand Isaac s’adresse à un public d’adolescents, mais il se donne la peine de les instruire, comme les adultes. On apprend des choses à toutes les pages. Il nous entraîne dans la ceinture d’astéroïdes et nous découvrons qu’il n’en existe aucune carte précise. Simplement parce qu’on ne peut pas en tracer une : les astéroïdes ne cessent de changer de place. Ou bien qu’il suffit à un astéroïde de mesurer un minimum de 80 kilomètres pour commencer à exercer sa propre attraction. Et encore qu’un scaphandre se couvre d’une couche de givre en passant du froid de l’espace à la chaleur d’un astronef, ce que la quasi-totalité des films de science-fiction ignorent royalement. Et tant qu’à faire, que le plan sur lequel tournent les planètes du système solaire s’appelle l’écliptique. Ça fait toujours plaisir et ça n’encombre pas le récit.

Au milieu de tout ça, le valeureux Jim Spark vit vaillamment son aventure, faite d’explosions, de naufrages, de duels dans le vide intersidéral. Vous constatez que le cahier des charges est respecté : les adolescents doivent se distraire et Asimov leur offre ce qu’il faut pour ça. Répétons-le : ce n’est pas du sous-Asimov, même si ce texte peut étonner dans son œuvre. Naturellement, on a le droit de préférer la robotique ou Fondation. Mais pourquoi se priver de Jim Spark ? Rejoignez-le dans les champs d’astéroïdes, ou parmi les rayons cosmiques, et vous admettrez que cette lecture vaut le détour.

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Le trou noir (The black Hole) - Allan Dean Foster - Bibliothèque Verte - 1980

Un roman de la Bibliothèque Verte, adaptation d’un film de Walt Disney, datant de 1980.

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THÈME : Un vaisseau spatial retourne vers la terre. À bord, le commandant Holland et son équipage, parmi lequel Vincent, un robot. Soudain, ils repèrent un autre vaisseau spatial dans la bouche d’un énorme trou noir. Il s’agit du Cygnus, porté disparu depuis vingt ans. Ils l’atteignent et l’abordent. C’est pour y retrouver Reinhardt, un scientifique réputé. Celui-ci leur affirme que l’équipage a quitté l’astronef. Est-ce bien vrai ? Holland et ses hommes ne tardent pas à nourrir des doutes. Qui est réellement Reinhardt et quels projets prépare-t-il ? Curieusement, la réponse viendra peut-être des nombreux robots qui circulent dans le vaisseau.

MON AVIS : Je vais vous rassurer sans tarder : ce livre n’a (évidemment) pas été écrit par Walt Disney. Pas plus que les films qui portent son nom ne furent réalisés par lui. Disney était un génie et, comme tous les génies, il échappe aux analyses et aux raisonnements. Il a fait des dessins animés sans les avoir dessinés, il a fait des films sans les avoir tournés, etc. Inutile de chercher à comprendre, car il n’y avait rien à comprendre.

Voici donc la version littéraire de son film « Le trou noir ». Parce que vous ne le saviez sûrement pas, mais tous les films et dessins animés de Disney ont eu une version littéraire. Et toutes, ou presque, on été éditées dans la Bibliothèque Verte. Vous me direz que cette dernière était faite pour ça. Encore fallait-il qu’elle le fasse.

Ainsi donc, ce bouquin ne porte pas la prose de Walt Disney, mais celle d’un certain Allan Dean Foster. Naturellement, je ne sais rien de lui. Mais je peux affirmer, en toute objectivité, qu’il a correctement fait son boulot. J’ignore ce que vaut le film, tourné aux alentours de 1980, mais le roman tient la route. Mieux en tout cas que l’astronef qui amène les héros vers le trou noir et qui part en vrille au moindre contact. À se demander comment il a pu emmener les personnages aussi loin !

Bref, ils y arrivent et l’histoire commence. L’histoire ? Eh bien, disons du classique. Un savant fou s’est emparé d’un vaisseau spatial et cherche à en faire l’instrument de sa conquête de la puissance. Un thème que vous avez sûrement vu et revu, décliné à l’infini. Ici, il s’appelle Reinhardt et son profil rappelle assez celui du Morbius de « Planète interdite ». Enfin, du classique jusqu’au moment où on réalise que le récit est peut-être plus complexe qu’il n’y paraît. Au bout de quelques chapitres, on se surprend à penser que les gentils ne le sont peut-être pas autant, et le méchant, malgré sa folie, ne se départit jamais d’une face douloureusement humaine. Surtout, il y a la fin. Absolument pas conforme à la tradition Disney. Je ne suis pas du tout certain que le véritable Walt Disney, décédé en 1966, aurait approuvé ce dénouement. Quant à nous, il nous paraît fort, poignant, et déroutant.

Mais je dois néanmoins vous avouer que ce qui m’a le plus marqué dans ce bouquin, ce sont les robots. Il y a Vincent, celui qui arrive avec les héros. Mais aussi les autres, ceux du sinistre vaisseau spatial. Des tas de ferraille ? C’est ce qu’on croit. Et puis, ils se révèlent effrayants, angoissants, émouvants. En fait, ils nous touchent davantage que les humains. Justement parce qu’ils montrent des sentiments qu’on ne leur aurait pas soupçonnés. Les meilleures pages du livre, je le répète.

Alors, je ne sais pas très bien ce que vaut le film, mais si le roman d’Allan Dean Foster vous tombe sous la main, n’hésitez pas une seconde à le lire. Vous serez captivé et bouleversé jusqu’à la dernière ligne. Je crois que c’est ce qu’on demande au cinéma et à la littérature.

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27 juin 2022

Lili et la captive de l'île - Marguerite Thiébold - Hachette Bibliothèque Rose - 1976

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Un roman de la Bibliothèque Rose, de la série des Lili, datant de 1976.

THÈME : La jeune Lili et sa cousine Fleur se trouvent en vacances dans le Poitou. Elles profitent du marais et des promenades en barque. Trop simple pour Lili, infatigable curieuse qui doit trouver des mystères à résoudre, coûte que coûte. Justement, des cris étranges lui parviennent d’une île du marais. Elle cherche à savoir et s’intéresse à un jeune batelier qui s’y rend chaque nuit. Elle s’y rendra elle-même. Ce qu’elle y découvrira justifiera le début d’une véritable enquête, palpitante et dangereuse, à travers les châteaux et champs du Poitou.

MON AVIS : Malheureusement, la postérité a ses raisons, que notre raison ignore. On ne sait pas toujours pourquoi elle retient ceci et pas cela. Fantômette, la petite justicière masquée, est restée dans les mémoires, dans la mémoire, dans le paysage. En revanche, la petite Lili n’a pas bénéficié de cette chance. Elle a disparu dans le brouillard du passé, celui qui a englouti tant de choses et de personnes. Ce n’est pas dramatique, bien sûr. C’est dommage, certainement.

Rappelons donc que la petite Lili ne voulait pas aller danser, comme celle de Julien Clerc. Plus simplement, elle sévissait dans la Bibliothèque Rose, la cousine de la verte, celle qui était censée préparer les enfants à la lecture. Pour ma part, je l’ai un peu ratée, passant directement à la verte. Chaque parcours est individuel, vous le savez. La Bibliothèque Rose comptait nombre de petites aventurières qui se plongeaient dans des équipées périlleuses à la moindre occasion. Lili en était une. Pour ce que j’ai retenu de sa description, il s’agit d’une lycéenne qui vivrait du côté de l’Alsace. En tout cas, l’auteure Marguerite Thiébold aurait reçu un prix littéraire de cette région. Lili est toujours accompagnée de sa cousine Fleur, légèrement plus âgée qu’elle, et qui lui apporte la protection et le conseil d’une adulte. En somme, le rôle que joue aussi le papa d’Alice Roy. Ensemble, elles arrivent au Poitou pour ce qui doit être une période de vacances. Naturellement, il n’en est rien : son caractère curieux entraîne vite Lili dans une histoire alambiquée.

Vous m’objecterez que tout cela demeure dans le grand classique, et en effet. Lili ressemblait aux autres héroïnes de la littérature de jeunesse de l’époque : jeune, bien élevée, toujours propre. Pourquoi chercher midi à quatorze heures ? Je peux vous dire que j’ai passé un bon moment de lecture, moi qui suis à l’étage de la retraite. Parce que le message de la Bibliothèque Rose était celui-là : la lecture doit être un plaisir, pas une punition. Désolé pour les esprits moroses qui ne le comprennent pas. Lili a apporté du plaisir, et du bonheur, à des générations d’enfants. Ce faisant, elle les a rapprochés de la littérature. Moi, je dis que c’était formidable, et je regrette que cela n’existe plus. Vive Lili et vive la Bibliothèque Rose.

 

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03 mai 2022

La reine de la Baltique (I De Lugnaste Vatten) - Viveca Sten - Albin Michel - 2013

Un roman suédois de Viveca Sten, datant de 2008 pour l’édition originale, et publié par Albin Michel en 2013.

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THÈME : Nous sommes sur l’île de Sandhamn, au large de Stockholm. Des cadavres sont retrouvés, sans qu’on sache s’il s’agit de meurtres ou d’accidents. Une enquête est néanmoins ouverte. Elle est confiée à l’inspecteur Andreasson. Sur Sandhamn, il retrouve Nora Linde, une ancienne copine d’enfance. De façon involontaire, cette dernière va se retrouver mêlée à l’investigation, alors qu’elle est déjà en délicatesse avec son mari. Mais Andreasson progresse : à travers le réseau de distribution des alcools en Suède, il décortique peu à peu une vieille et longue histoire, impliquant des habitants de l’île. Mais l’assassin est toujours là, et il peut frapper à n’importe quel moment.

MON AVIS : Je me dois de vous narrer la genèse de cet article. Je regarde la télévision. Sur Arte, j’ai suivi avec passion la série « Meurtres à Sandhamn ». Je crois avoir vu presque tous les épisodes. Or, j’avais remarqué qu’elle était l’adaptation d’une série de romans. Alors, j’ai acquis celui-ci.

Bon, je suppose que vous avez tous compris. Je voulais savoir si la série télé reflétait vraiment la série littéraire, ou si elle s’en était éloignée. Alors, je vais vous rassurer sans tarder : oui, la création télévisuelle est restée assez fidèle aux romans. Nous savons que ce n’est pas toujours le cas. Voilà pourquoi il convient de le saluer. Certes, on constate quelques libertés. Par exemple, dans les romans, Nora Linde a deux beaux garçons, alors que la série TV lui donne un garçon et une fille. Mais dans l’ensemble, les scénaristes ont respecté le travail de Viveca Sten. D’ailleurs, cette dernière était à l’origine juriste, comme Nora Linde.

Naturellement, ce qui nous surprend, nous autres, braves Français, c’est le contexte. Quand nous entendons Suède, nous concevons immédiatement de la neige, de la glace, du froid. Logique, n’est-il pas ? Or, ces romans nous font découvrir qu’il y a là-bas un été, durant lequel les gens se baladent en chemise et manches courtes. Surprenant pour nous. Mais c’est dans cette ambiance que se déroulent les intrigues. Essayons de nous situer. En face de Stockholm, il y a des îles. Une d’elles s’appelle Sandhamn. C’est un lieu de villégiature pour les gens de la capitale. En hiver, Sandhamn compte quelques milliers d’habitants. En été, il y en a des dizaines de milliers. Ceux qui connaissent les Pyrénées-Orientales comprendront ce que cela représente !

Viveca Sten a eu l’idée de planter là ses enquêtes. Oui, car il faut y arriver : nous parlons ici de polar. Des meurtres et des investigations, vous savez de quoi il en retourne. Pourtant, ça se laisse lire. En-dehors du contexte, déjà surprenant en lui-même, Viveca Sten a trouvé un truc original pour ses récits : les enquêtes sont menés conjointement par l’inspecteur Andreasson et Nora Linde. Le premier parce que c’est son métier, la deuxième parce qu’elle habite à Sandhamn et que les meurtres se déroulent toujours tout près d’elle. Original et pertinent, car le lecteur se sent d’autant plus impliqué.

Des réserves ? Bah, quelques-unes, pour la forme. J’avoue avoir été assommé par les incessantes descriptions. Désolé, je ne saisis pas l’intérêt de décrire longuement et systématiquement les maisons, et les intérieurs, et la composition de tous les repas. S’agissait-il de rajouter une touche féminine ? Possible, mais on aurait pu s’en passer. En fait, ce bouquin nous réserve son lot de surprises. Par exemple, on découvre que la société suédoise se révèle aussi machiste que la nôtre : on ne l’aurait pas forcément imaginé.

Il paraît que Viveca Sten serait un phénomène de librairie en Scandinavie. Après l’avoir lue, je comprends pourquoi. Tout en faisant du polar dans la pure tradition, elle a su bâtir un univers, le sien. Un univers loin des histoires de flics et de gangsters, où les gens sont mariés, ont des enfants à élever, ont un travail à assumer, ont des factures à payer. Et où les assassins ne sont pas des tueurs à gages venus de Sibérie, mais nos voisins, ceux que nous croyions connaître depuis l’enfance, et qui se révèlent bien différents de ce qu’on croyait. Nous sommes tous des monstres en puissance. Voilà ce que nous transmet Viveca Sten, avec talent.

 

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21 avril 2022

Contes de Bobé - Edith Apelbaum - Editions Boréalia - 2021

 

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Un recueil de contes pour enfants, publié par Boréalia. Texte d’Édith Apelbaum, illustrations d’Ilias Kyriakidis. 

Édith Apelbaum publie chez Boréalia les « Contes de Bobé », un recueil de cinq contes. Ainsi que l’indiquent le titre et la couverture, le public visé est très jeune. Mais si on s’adresse aux enfants, on s’adresse forcément aussi aux parents. Le livre est donc destiné à tout le monde.

Le texte est d’Édith Apelbaum. Je l’ai rencontrée à la librairie Boréalia et j’ai eu avec elle une conversation que je n’ose appeler interview. La voici :

 

 

Q. : Madame, qui êtes-vous ?

R. : Je ne sais pas si une présentation exhaustive de tout ce que j’ai fait dans ma vie passionnera les gens. J’ai fait pas mal de choses alimentaires. Mais je dois dire que ce qui a toujours compté depuis mon enfance, c’est la littérature. Je me suis nourrie dans les livres. Parfois, ils m’ont paru plus réels que la vie. Puis il y a eu un moment, pas très loin de la retraite, où j’ai réussi à trouver l’écoulement d’une veine un peu poétique. J’ai commencé à trouver ce qui me convenait.

Q. : Mais pourquoi pour les enfants ?

R. : Pour moi, c’est un peu une surprise... Parce que je n’avais pas forcément d’intérêt pour ce type de littérature. Puis quand j’ai eu mes petites filles, que je me trouvais loin d’elles, je me disais : quelle sorte de grand-mère vais-je pouvoir être ? J’ai imaginé que ce que je pouvais faire de mieux, c’était utiliser ma veine littéraire et raconter des histoires. Comme ma première petite-fille est née sur un bateau, je l’imaginais regardant les nuages, les oiseaux, les arbres, je me suis mise à charger ces figures d’humanité, pour communiquer des choses qui me paraissaient essentielles. C’est ainsi que c’est arrivé.

Q. : Mais il y a également un côté culturel : Bobé, je crois que c’est yiddish ?

R. : Alors, c’est du yiddish, oui. Je n’étais absolument pas préoccupée de mes origines. Et puis, en prenant de l’âge, j’ai pris conscience qu’il ne s’agissait pas d’une religion, mais d’une culture, de laquelle j’étais proche sans le savoir. C’était comme si je me réappropriais un peu de mon histoire. Donc, je me suis mise à apprendre. Je ne suis pas excessivement bonne en langues. Je n’ai jamais réussi à parler ni hébreu, ni yiddish. Mais j’ai pu trouver dans ces langues un sens qui m’a énormément inspirée. Bobé, c’est la grand-mère. Quand ma petite-fille est arrivée, on m’a tout de suite demandé comment je voulais être appelée. J’ai dit : Bobé. Moi, je n’ai jamais appelé une grand-mère Bobé. Mais, en fait, Bobé peut être n’importe qui, une personne, une grand-mère tout simplement...

Q. : Vous écrivez pour les enfants, mais ce sont les parents qui vont lire les contes. Donc, vous vous adressez aussi aux parents. Je veux dire qu’il y a une poésie sur l’environnement, sur les nuages, sur les arbres ?

R. : Oui. Ce n’est pas parce que j’ai voulu passer un message. Ce sont comme des tableaux qui en disent un peu sur notre monde. Mon livre, tel que je l’ai écrit, était un outil de transmission par l’intermédiaire des parents. Les enfants ne peuvent accéder à la profondeur de ces histoires que si les parents les lisent comme ça.

Q. : Dans l’histoire de l’arbre qui attend l’oiseau, il y a un appel sur la solitude ?

R. : C’est ça. En même temps, c’est dit dans la poésie : le vent seul est capable de rassembler les amis. En somme le hasard détient la solution.

Q. : Et vous allez continuer ?

R. : Je ne crois pas. Pas ces contes-là. J’écris un autre livre, mais qui n’a rien à voir avec ça. Et puis, ce ne sont pas vraiment des contes. Dans la tradition juive d’ailleurs, pas de nuages, peu d’arbres, il n’y a que des humains.

Q. : Pourquoi Boréalia ?

R. : J’ai connu Émilie Maj parce que j’habite le quartier. Je lui ai montré mes textes, que j’avais essayé d’envoyer à des éditeurs. Cela me coûtait cher d’envoyer les papiers et les illustrations et je n’avais pas eu de réponse. Et puis, Émilie a flashé, et ça m’a fait très plaisir. Je suis surtout contente du beau travail qu’elle a fait, parce que j’aurais pu être éditée chez un éditeur prestigieux, mais il n’aurait pas fait ce travail.

Q. : Vous avez fait lire ces contes à vos petits-enfants ?

R. : Évidemment. C’est un peu ma déception. Entre parents et enfants, ce n’est pas toujours idéal. Je pense que ma belle-fille et mon fils les ont aimés, mais je ne sais pas pour mes petites-filles. C’est sans doute pour elles un livre parmi d’autres. Mes petites-filles sont encore très jeunes. Elles le découvriront le moment venu. Je reçois par ailleurs tellement de retours que ça me réchauffe le cœur.

Q. : Les enfants d’aujourd’hui sont mieux ou moins bien que ceux d’avant ?

R. : Ils sont dans notre époque. Ils sont au centre des familles. Je ne porte pas de jugement, je vois que c’est comme ça. Ils sont élevés d’une autre façon, avec moins d’autorité. Mais ce que j’écris est intemporel, on est dans un univers poétique.

Q. : Avez-vous quelque chose à ajouter ?

R. : C’est difficile... Je pense que je m’inscris profondément dans ces histoires : la petite fille que j’étais, la recherche que j’avais, le sentiment de perte, d’absence. Où aller, que faire, quel chemin ? Et que la solution, c’est toujours la rencontre. Le nuage qui aime la lune et le nuage qui aime le soleil, celui qui a toutes les couleurs, et celui qui n’aime qu’une seule couleur... Une histoire de partage. Ce sont des histoires de partage.

Q. : Je vous remercie beaucoup, et bonne chance à ce livre.

 

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28 mars 2022

Rouge comme le sang - Pierre Nemours - Fleuve Noir - 1968

Un roman de Pierre Nemours, du Fleuve Noir, de la collection Feu (N°97), datant de 1968.

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THÈME : En 1836, le Texas réclame une autonomie au Mexique. Le président Santa-Anna la refuse. Alors, le colonel Travis et Jim Bowie décident de prendre les armes. Ils trouvent, près de San Antonio, une ancienne mission espagnole nommée Alamo, et la transforment en camp retranché. Il deviendra Fort-Alamo. Pour le défendre, ils rassemblent une troupe hétéroclite de 182 aventuriers, venus de partout et suivant les plus diverses motivations. Parmi eux, le pittoresque Davy Crockett. Le 23 février 1836, l’armée mexicaine arrive et monte le siège. Le 6 mars, à 5 heures du matin, l’assaut est lancé. Tous les défenseurs seront tués. La guerre se poursuivra et s’achèvera par la victoire du Texas.

MON AVIS : Bon, disons-le sans détour : les jeunes s’en foutent. Complètement. Prenez la population de moins de 40 ans, et dites-leur Fort-Alamo. La quasi-totalité vous demanderont ce que c’est. Et si vous essayez de leur expliquer, vous constaterez vite que leur intérêt est proche du zéro. Ils s’en foutent, ce n’est pas de leur culture. Et sans doute ont-ils raison.

Pour nous, c’était évidemment différent. Notre génération a grandi avec Alamo, au même titre qu’avec Charlemagne et le chevalier Bayard. Ah, les amis, Fort-Alamo ! Ce nom seul nous faisait frémir. D’enthousiasme, de désir d’aventures. Pour ma part, j’ai vu passer cette bataille partout, et sous toutes les formes : films, séries TV, livres, bandes dessinées. Chacun y allait de son petit récit. J’ai suivi le déroulement de la bataille si souvent que j’avais presque l’impression d’y avoir moi-même participé. Ce n’était pas le cas, bien sûr. Et je réponds tout de suite à la question que vous me posez à distance : non, j’ignore totalement ce que j’aurais fait si j’avais vécu ces évènements. Je me suis contenté de les entendre narrer, et de rêver.

Car c’est un des grands mérites de ce bouquin. Précisons sans tarder qu’il ne s’agit pas d’un récit historique, mais bien d’un roman. Il appartient à la collection Feu, du Fleuve Noir. Une collection qui proposait à la lecture des romans de guerre. Un livre sur Fort-Alamo, un roman de guerre ? Oui, pourquoi pas ? Disons ce que ce serait un western déguisé en roman de guerre, ou l’inverse. La littérature populaire de l’époque ne s’embarrassait pas de débats fumeux. Bref, un roman, mais formidablement documenté. C’est ainsi qu’on réalise ce qu’on aurait dû deviner tout seuls : la situation de 1836 n’était pas celle d’aujourd’hui. Les Texans de l’époque était très divisés face au Mexique. Les uns voulaient faire la guerre, les autres préféraient tenter une négociation. Il va de soi que les seconds étaient aussi respectables que les premiers. De quel droit pourrait-on leur reprocher quoi que ce soit ?

Documentation, objectivité, les deux bases de ce roman. On y apprend des tas de détails passionnants, ou amusants. Par exemple, que les fusils des Mexicains étaient tout simplement ceux de la bataille de Waterloo. On les avait récupérés et revendus. Avouons qu’on ne l’aurait pas deviné par nous-même ! On y apprend aussi que les assiégés gardaient du bétail dans un corral pour se nourrir pendant le siège : détail que les versions oublient souvent, sans doute parce que ce n’est guère exaltant. Bref, l’auteur a fait son boulot, et il mérite les félicitations du jury.

Fort-Alamo, ma jeunesse. Quand j’étais adolescent, je me demandais ce que Davy Crockett fabriquait là-bas. Je l’ai su plus tard. Ce brave Davy avait été parlementaire à la Chambre des Représentants, et puis il avait perdu son poste. Rentré dans son cher Tennessee natal, il s’était retrouvé au chômage. Le grand Davy Crockett au chômage ! Alors, avec quelques copains, il était parti, pour refaire sa vie ailleurs. Ailleurs, ce fut le Texas. Depuis que je sais cela, le personnage de Davy Crockett m’est plus proche, plus sympathique. Les grands aventuriers sont des gens comme nous : n’est-ce pas rassurant ?

Pour Jim Bowie, un peu différent. Il nous pose un problème : ce grand défenseur de la liberté avait été dans sa jeunesse… trafiquant d’esclaves ! Paradoxes de l’Amérique, diront les gens de mauvaise foi. Non, paradoxes de cette époque-là, laquelle nous échappe. Quant à Travis, bien simple : il n’était pas vraiment colonel, et il n’était déjà pas vraiment avocat avant la guerre. Décidément, drôle d’époque !

Je ne sais combien de fois j’ai vu, ou lu, le déroulement de la bataille. Le 23 février 1836, l’armée mexicaine arrive et, méthodiquement, encercle la mission transformée en camp retranchée. 13 jours plus tard, le dimanche 6 mars, à 5 heures du matin, elle passe à l’attaque. Les défenseurs seront tués un par un. On pense que Travis est mort dès le début de l’assaut. On sait que Bowie est mort sur un rempart, où on l’avait emmené malgré sa maladie. Crockett sera, ainsi que ses hommes, criblé de coups de baïonnettes. La légende d’Alamo est ainsi faite de 182 légendes particulières. Par exemple, celle de Jim Bonham, qui avait réussi à sortir du fort pour porter un message, et qui y revient volontairement, en sachant qu’il va se faire massacrer avec les autres.

Bon, les jeunes s’en foutent, c’est entendu. Mais pour nous, ça restera différent. Dans la vaste plaine intérieure de notre mémoire, la silhouette d’un quadrilatère se dresse, sombre et héroïque. Fort-Alamo, pour toujours.

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Les filles de cabaret (Hand loose) - Glen Chase - Editions et Publications Premières - 1975

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Un roman de la collection Cherry O (N°19), écrit par Glen Chase, datant de 1975.

THÈME : Depuis quelques temps, une nouvelle drogue circule dans les discothèques de New-York, faisant des ravages parmi les jeunes. Cherry O, agent du SPASM, doit enquêter. Elle se déguise et parcourt les discothèques. Elle ne tarde pas à être abordée par un certain Tony, lequel l’amène aux responsables du trafic : une bande de mafieux dirigés par un nommé Santelli. C’est lui qui produit la drogue, avec un docteur fou, et dans un vaste laboratoire. Mais Cherry va devoir jouer serré pour pouvoir s’échapper et rejoindre son chef Mark Condon. Ensemble, ils vont tenter de démanteler le laboratoire et de neutraliser les gangsters.

MON AVIS : Je le sais, je le sais. Oui, je le sais bien. Il y a des gens qui se demandent pourquoi un type sérieux comme moi (ou qui a l’air sérieux) perd son temps à chroniquer une vieille collection qui n’intéresse plus personne. Ils ont raison de se poser la question. Pour ma part, je n’ai pas trop envie de répondre, car ce n’est pas vraiment important. D’ailleurs, qu’est-ce qui a de l’importance sur un blog où personne ne vient jamais ?

Enfin, je dirai, pour faire court, que je suis vieux, et que la lecture de Cherry O est une des rares choses qui me rattachent encore à ma jeunesse de plus en plus lointaine. Un peu succinct ? Je le conçois, mais que puis-je vous dire d’autre ? Oui, je suis vieux. Terriblement vieux. Dramatiquement vieux. Je vis désormais mes journées au rythme de ma digestion et de mon sommeil. Ces deux tyrans commandent à mon agenda. Je cherche aujourd’hui un banc pour m’asseoir, là où je marchais jadis des kilomètres sans m’en apercevoir. Je mets aujourd’hui une demi-heure à faire des trucs que je faisais avant en cinq minutes. Et il ne s’agit que de détails. Le plus dur, c’est la lassitude. Croyez-moi, les amis, à mon âge, on se découvre lassé de tout. Je ne prend plus de plaisir à regarder les vieux westerns, parce que je suis lassé. Je ne prends plus de plaisir avec les grands classiques du cinéma, parce que je suis lassé. Je ne prends plus de plaisir à me promener, parce que je suis lassé. Lassé, lassé. Bientôt, je serai lassé de respirer, de manger et de dormir. Quoi, vous me trouvez pathétique ? Ce n’est pas ainsi que je le vis.

Alors, oui, je me raccroche à ma jeunesse. De temps en temps, je reprends un vieux Cherry O et je me plonge dans la lecture. Peu m’importe que ce soit nul et archi-nul. En lisant ça, je me sens revivre, je sens mes veines qui vibrent à nouveau. Et je me dis que je ne suis pas encore superflu sur la terre.

Tiens, celui-ci, le N°19. En le parcourant, j’ai eu plusieurs fois l’impression de revoir un épisode de Kojak, ou de Starsky et Hutch. Ouais, ma jeunesse, c’était ça. New-York, les flics, les revolvers, les cascades. Je le revendique, et je clame haut et fort que j’ai eu de la chance de grandir avec ça. Tant pis si cette culture s’est évaporée, elle reste, et elle restera, la mienne. Au-delà du temps qui passe.

 

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08 décembre 2021

Omega 5 - Georges Murcie - Anticipation - Fleuve Noir - 1974

Un roman du Fleuve Noir, de la collection Anticipation (603), datant de 1974.

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THÈME : Sur une lointaine planète, une ancienne civilisation est enfouie sous les collines et les roches. Ces êtres constatent que les habitants de la Terre se lancent dans la conquête de l’espace et ils redoutent de les rencontrer. Ils ont donc mis au point une technique pour venir sur Terre discrètement et observer les progrès de l’humanité. Justement, celle-ci prépare un nouveau projet appelé Oméga 5. Les êtres doivent apprendre de quoi il s’ agit. Cette enquête les mène près de la côte méditerranéenne. Malheureusement, il s’avère qu’ils croient épier, et que c’est peut-être eux qui sont épiés.

MON AVIS : Je dois commencer par ça, tout de suite et avec franchise : je ne connais absolument pas ce Georges Murcie. Je ne sais rien de lui. Pourtant, j’ai l’impression que lui et moi partageons quelques points communs. En effet, il place l’action de son roman dans certains départements méditerranéens que je connais bien, de sorte que le cadre m’est familier. Était-il originaire du même endroit que moi ? Je l’ignore, et c’est dommage. Cela m’a interpellé, en tout cas.

Toujours est-il que nous voici en présence d’un nouvel opus de la colossale collection Anticipation, si vaste que le catalogue s’en révèle interminable. Un monument de la littérature française du XX° siècle. Qu’en penser ? Eh bien, tout d’abord, que ce roman présente le même phénomène que beaucoup d’autres de cette collection : un certain temps à se mettre en place. Les premières pages sont longues, ennuyeuses, au point qu’on envisage de lâcher la lecture. Heureusement, on continue, et on s’aperçoit que, peu à peu, ça accroche. Au bout d’un moment, on est vraiment plongé là-dedans. S’agissait-il d’une volonté délibérée dans la collection, ou d’un processus involontaire ? Naturellement, je l’ignore. En tout cas, vous le constaterez fréquemment dans les récits d’Anticipation.

Si je l’ignore, c’est parce que ce machin est vieux, horriblement vieux. Déjà, la page de garde nous informe qu’il remonte à 1974. Mais pas besoin de la consulter, il suffit de lire. Tout est daté et inutile de décortiquer ce « tout », car c’est bien tout. On a l’impression de plonger dans le passé. Sympathique, sauf que ce passé est vraiment passé, et lointain. Surtout, il ne reviendra pas.

Bon, vieux ne signifie pas mauvais. Au contraire, c’est très bon et prenant. Pour le résumer, je dirais que cette histoire est une version des Envahisseurs, sauf qu’ici les protagonistes sont justement les Envahisseurs. Ce sont eux qu’on suit, et les Humains sont représentés de loin. Une inversion des rôles qui nous oblige à remettre en cause notre vision de l’univers.

Bon, puisqu’il faut bien faire un commentaire quelconque, je dirais que le récit devient parfois confus, à cause de sa construction générale. Il est réparti en trois endroits géographiques et trois groupes de personnages : l’un sur la planète lointaine, l’autre au bord de la Méditerranée, l’autre en vadrouille un peu partout. L’auteur passe de l’un à l’autre, et on a quelquefois du mal à le suivre. Ah, vous me dites que je cherche la petite bête ? Ben oui, sinon je ne consacrerais pas mon temps à chroniquer des vieux bouquins tombés dans les oubliettes.

Et pour vous confirmer qu’il date d’une autre époque, sachez que c’est l’amour qui, à la fin, apportera une note d’espoir, comme cela se faisait souvent en ce temps. Là-dessus, il m’arrive d’être nostalgique et de regretter que la littérature et le cinéma d’aujourd’hui ne raisonnent pas de la même manière. Parce que science-fiction, ou pas, l’amour est important. Bonne lecture.

 

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